dimanche 26 octobre 2008

Les diaboliques de Loudun



Cet après-midi j’ai écouté avec fascination une pièce radiophonique sur France Inter. J’ai été happée par les voix délicieuses des religieuses et par l’histoire stupéfiante qui était racontée.

En 1632, sous le règne de Louis XIII dans la ville de Loudun, dans le Poitou, les 17 religieuses du couvent des Ursulines affirment avoir été visitées par le démon. Tout commence un 21 septembre par une nuit de lune lorsque sœur Jeanne des Anges, jeune, belle, désirable se dit possédée par le diable. La possession atteint progressivement les autres sœurs du couvent, certaines sont très jeunes. Sœur Claire avoue à la mère supérieure que le démon vient dans son lit. Elle sent son souffle chaud, il tente de la mordre et elle reçoit une gifle en plein visage... ». Sœur Agnès reconnaît : « le diable a déchiré l’hymen sacré dans une étreinte animale, il a abusé de moi en poussant un râle sauvage… »

Monseigneur l’évêque envoie un exorciste pour examiner les sœurs. Elles devront se déshabiller entièrement. La veille de la visite, la supérieure les enjoint à couper les poils sous leurs aisselles et sur leurs pubis. L’une des sœurs accuse Urbain Grandier curé de Loudun. Celui-ci est un très bel homme vif et intelligent, un intellectuel proche des protestants. C’est un curé libertin qui a connu plusieurs aventures amoureuses avec des femmes et qui a un penchant pour les jeunes hommes. Arrêté et emprisonné, accusé sans preuve d’avoir pactisé avec le diable, il est torturé et brûlé en place publique.

Pendant ce temps on vient de la France entière pour assister aux contorsions des soeurs soumises aux séances d’exorcisme. Les sœurs nues et épilées sont observées par la foule. Les traitements n’ont aucun effet, les sœurs continuent de vociférer, elles prennent des positions lubriques, elles crient des blasphèmes. le spectacle plaît à la foule et les autorités trouvent que le spectacle va trop loin. Grandier exécuté, les cas de possession des religieuses ne s’éteignent pas pour autant, au contraire, elles se multiplient. Pendant des années les gens viennent de partout, on dira que la population se rinçait l’œil au spectacle de vierges singeant des actes sexuels. Dans tout Loudun les femmes les imitent. Pourtant, la population commence à douter de la culpabilité de Grandier. Mort, comment peut-il continuer à tourmenter les sœurs ? Celles-ci finiront par reconnaître qu’elles ont menti en accusant Grandier mais celui-ci ne sera jamais réhabilité.

Apparemment, à ce jour, personne n’a trouvé d’explication rationnelle au phénomène de possession. La psychiatrie a cru reconnaître une hystérie sexuelle collective, les sœurs découvrant la sexualité à travers une mise en scène spectaculaire !

(Pendant sept jours vous pouvez podcaster et écouter cette pièce en cliquant sur le titre)

4 commentaires:

  1. à relire en parallèle Le Moine de Lewis, revu et adapté par Antonin Artaud

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  2. Drôle de folie collective chez les soeurs!!!!

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  3. bonjour , eh bien si tout ça vous intéresse , lisez "les possessions diaboliques " de Roland Villeneuve ; c'est hyper bien documenté ; et la lecture vous entrainera vers bien d'autre réflexions , d'autres lieux , et d'autres visions du monde ; Roland Villeneuve a fréquenté les sur-réalistes.

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  4. Encore une référence sur ce sujet qui m'intéresse en effet, merci... j'espère en découvrir un peu plus...

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