L’association Emmetrop a proposé à son public, quatre jours, du 20 au 23 novembre, pour tout savoir sur le BDSM. Une lecture-performance « On Pain & Presence » de Felix Ruckert, un stage en partenariat avec l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Bourges ainsi que des projections de films SM. Le dynamisme, l’ouverture et l’audace des fondateurs de l’association créée en 1984 par un groupe d’élèves de l’école, sont à présent célèbres dans la région. Leurs activités se déploient sur des thématiques très diversifiées, de la musique au théâtre en passant par les performances, les expositions, les conférences, les interventions scolaires et bien d’autres actions artistiques et culturelles. L’an dernier, autour de la post pornographie, l’association a accueilli la fameuse porn-art Annie Sprinkle.
Plusieurs films BDSM ont été projetés dans la salle de la friche de l’Antre-Peaux, QG de l’association. La programmation était réalisée et présentée par Stéphanie Heuze de la librairie et vidéothèque parisienne Hors-Circuits spécialisée dans les films qu’on ne trouve pas ailleurs notamment les films fétichistes. J’ai donc eu l’occasion de découvrir un petit court-métrage Stillen de Félix Ruckert, montrant des femmes ligotées exposées aux regard du public, Bondage de Monika Treut, une sorte de témoignage d’une exhibitionniste queer; j’ai revu The Pain Game un documentaire assez kitch de la dominatrice américaine d’origine française Cléo Dubois, fondatrice d’une académie des arts SM.
J'ai pu aussi revoir, In Between (sur les photos), un court-métrage de 25 minutes de Catherine Corringer qui était présente. Il a été réalisé en 2006 après Day's Night (2005) et avant This is the Girl (2007). Chacun de ces films est structuré autour d’une scène performance où l'on voit par exemple dans In Between, la peau de la victime se marquer, saigner, pendant que Catherine se barbouille de sang. Ce sont des sortes de rêves bizarres où se mêlent des personnages étranges. On pourrait croire à des contes pervers issus d’une imagination débordante. En réalité, ils sont tournés dans son appartement avec ses amis. Elle est scénariste, réalisatrice et tient le rôle principal, le sien. Les visions oniriques qu’elle nous fait partager sont là pour enrober ses propres obsessions et ses jeux avec les aliments, l’urine, le sang et les totems. La figure maternelle dominante de In Between s’impose comme un subconscient écrasant. Des scènes sont insoutenables pour certains spectateurs. Pour ma part, je suis ce travail de très près car il interroge l’esthétique et les règles de la représentation sadomasochiste telles qu'elles s'exprimaient jusque là. Celles-ci sont transgressées, explosées. Les jeux de rôles disparaissent au profit des images intériorisées et solitaires.
Pour contacter Catherine Corringer c'est ici. (Soyez patients, le temps de chargement est toujours un peu lent sur Myspace).
Je dois dire que ce week-end a stimulé ma réflexion à pleins de niveaux. Encore merci aux artistes présents, à Fred l’organisatrice et à ses copines pour ce programme si riche et pertinent.
lundi 24 novembre 2008
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Concernant Catherine Corringer, je trouve comme vous très passionnante et fascinante (même si parfois dérangeante jusqu'à la moelle) sa démarche. Ce n'est en effet pas du cinéma bdsm grand public et qui caresse dans le sens de la cravache mais un miroir déformant de nos obsessions.
RépondreSupprimerC'est une fille à suivre (sans jeu de mot)
BàB