samedi 7 novembre 2009

Lagrimas de Eros à Madrid

La simple activité sexuelle est différente de l’érotisme ; la première est donnée dans la vie animale et seule la vie humaine présente une activité que définit peut-être un aspect «diabolique», auquel le nom d’érotisme convient. (Georges Bataille - Les larmes d’éros)



Perdue dans les rues de la vieille ville sous un soleil éblouissant, mes pas me conduisent vers le Musée Thyssen où est présentée la première partie d’une exposition dont le titre me hante : Lagrimas de Eros, (depuis le 20 octobre 2009 jusqu'au 31 janvier 2010). Des toiles de maîtres, des sculptures, des photos et quelques vidéos sont réunies pour illustrer les mythes fondateurs d’une histoire de l’érotisme occidental. Je traverse des salles remplies de chefs d’œuvre empruntés à des musées et à des collections de tous les coins du monde.


L’Andromède de Gustave Doré (1869) vient d’un Musée de Taïwan, le Saint Sébastien de José de Ribera (1651), du Musée de San Marino à Naples, le Cavalier errant de John Everett Millais (1870) de la Tate gallery de Londres. Les principales figures d’éros : Vénus, Eve, Cléopâtre, Marie-Madeleine, Saint Sébastien, Saint Antoine et d’autres traversent les époques jusqu’à nos jours représentés par des œuvres sublimes dont deux toiles/collages d’Antonio Saura ou des vidéos de Bill Viola.














Bouquiner au lit à mon réveil est l’un de mes plaisirs favoris. Je cherche dans le dernier opus de Pascal Bruckner Le paradoxe amoureux (Grasset 2009) des échos à mes réflexions. La lecture de l’ auteur de l’inoubliable Lunes de Fiel (Seuil, 1981) et du Nouveau Désordre amoureux (en collaboration avec Alain Finkielkraut, Seuil, 1977) est toujours aussi plaisante. Son nouvel essai raconte nos pulsions, nos amours, les nouvelles manières que nous empruntons pour négocier nos vies de couples. Intéressant de découvrir ses constatations trente ans après la révolution sexuelle. La jouissance est devenue «obligatoire» et le terrorisme de l’orgasme a remplacé les anciens interdits. La parole s’est libérée et elle s’exhibe partout ainsi que les images. Le marché du sexe s’est répandu, une façon de s’affranchir de la libido en la ramenant à une activité récréative et la «police du désir» a ressurgit là où on ne l’attendait pas. Pascal Bruckner fustige les féministes nord américaines qui criminalisent la drague et tous les «pourvoyeurs de félicité charnelle» prêchant chacun pour sa paroisse. Son livre est bondé d’aphorismes du genre: «le sexe faible est masculin» (page 212) ou «la liberté n’est pas une croisade c’est une proposition» (page 262).

(c)Mona





























"seul, seuls, nous sommes libres"



(à suivre…)

2 commentaires:

  1. De la lecture de l'oeuvre de Bataille me reste aujourd'hui une couleur sombre, immobile, comme figée à la fenêtre d'un hiver, dans le silence d'une neige nouvelle.
    De cette exposition à Nancy, je n'ai rien vu: merci pour le récit que vous en avez donné, ambassadrice de la nuit.

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  2. L'expo est à Madrid jusqu'au 31 janvier... si vous avez l'occasion d'y aller, elle en vaut la peine !

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