mardi 5 mai 2009

Nuit TransErotic de Jean-Michel Rabeux




Difficile de savoir ce qui se prépare pour cette proposition théâtrale où en petits groupes, nous sommes invités à « un parcours-spectacle sur l’érotisme, réservé à un public averti » la nuit du 23 juin, au théâtre de la Bastille à Paris. L’organisateur de cette cérémonie, le metteur en scène et auteur Jean-Michel Rabeux, est un familier des textes de Sade, de Jean Genêt ou de Blaise Cendrars. Eros habite la plupart de ses propres créations même si le dieu du plaisir sexuel n’y sévit qu’en présence de Thanatos.

Eloge de la Pornographie, l’une des premières réalisations originales dont je garde le souvenir, date de 1987. Ce spectacle entraînait le spectateur dans les labyrinthes feutrés des lieux où se consomme le sexe. Le sujet était abordé d’une manière assez crue à une époque où ces scènes paraissaient provocantes au théâtre. Je découvrais ensuite d’autres facettes de l’artiste dans les Charmilles (1994) ou le Ventre (1997), révélant un aspect de son univers théâtral obsédé par la mort. Entre créations et adaptations, l’œuvre de Jean-Michel Rabeux est pourtant éclectique puisqu’il a monté avec brio des pièces de Copi ou de Feydeau (Feu l’Amour en 2004), de Pirandello (l’Amie de leurs Femmes en 1990) et de Marivaux (Arlequin poli par l’amour en 2001). Les formes du burlesque et du cabaret (Déshabillages, 2003) n’ont aucun secret pour lui. Les changements de registres confirment néanmoins un langage singulier d’un travail avec le corps des acteurs comme avec les mots (maux). Corps exaltés, souffrants, exhibés, tordus ou broyés, face à la violence du monde, corps peints, travestis, marqués ; cette richesse de l’exploration charnelle et sanglante du corps magnifique ou déchu se retrouve une fois de plus dans Le Corps furieux (2008), récente création de la compagnie qui sera présentée dans le cadre du festival Trans (« trans » pour « transmission ») au théâtre de la Bastille en juin prochain.

Jean-Michel Rabeux a publié plusieurs récits dont le dernier s’intitule : Les nudités des filles aux éditions du Rouergue (2008). La langue se déploie à la fois spontanée et sans complaisance à l’image de l’écrivain se livrant avec profondeur et sincérité à qui sait lire entre les lignes une histoire hantée par la conjuration de la mort inéluctable. L’obscénité n’est pas là où on croit, surtout pas dans la nudité des « corps blancs » ni dans le libertinage du couple formé avec Camille (ou la sublime comédienne Claude Degliame dans la vie). Un cri retentit tout au long de ces lignes ininterrompues pour affirmer que le sexe, le théâtre, l’écriture, la peinture, l’amour, le sang et les larmes représentent nos béquilles pour la vie.

Extrait : "... il lui dit de lever les bras au-dessus de sa tête, les paumes retournées vers le plafond, les doigts entrelacés, si les bras très tendus tirent le corps vers le ciel, s'il lui dit de tendre les jambes aussi, ce qui avec les hauts talons la cambre, ils ne se connaissent pas, seulement par un mail très bref, il lui dit de raconter une histoire inadmissible, elle tremble, elle est glacée, désir glacé..."

Il y a quelques mois, lorsque Mélanie, une jeune comédienne et performeuse audacieuse me racontait sa rencontre avec mon ami Jean-Michel, je soupçonnai un projet… théâtral bien sûr ! Et ma curiosité est à présent encore plus grande...

NuitTransErotic 2e/1001

« Une nuit pour donner au plaisir une place politique, aux désirs une place poétique… »

Equipe de conception Jean-Michel Rabeux, Sophie Lagier, Cédric Orain, Kate France, Eric Sterenfeld, Netty Radvanyi, Karelle Prugnaud

Avec Arto le cheval, Béatrice Boulanger, Corinne Cicolari, Mélanie Derouetteau, Georges Edmont, Kate France, Sophie Lagier, Marc Mérigot, Laurent Nennig, Karelle Prugnaud, Netty Radvanyi, Franco Senica, Eram Sobhani, Eric Sterenfeld,…

Le 23 juin / jauge très réduite : réservation indispensable, pour un créneau entre 22h et 2h du matin. Le parcours dure environ une heure. Vous pouvez réserver vos places dès maintenant au : 01 43 57 42 14 - www.theatre-bastille.com

Voir ici le programme du Festival Trans. De nombreux spectacles à voir dont Le Corps furieux les 25, 26, 27 et 28 juin à 21h30


Extrait : le repas

2 commentaires:

  1. OUI bien sûr évidemment INCONTOURNABLE! bravo bravo pour le texte.....

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  2. Désir et plaisir sont de fortes tensions de l'être qui rejoignent par de curieux détours la "Place" politique (comme dans le "Forum" de l'Antiquité) en effet et l'on a trop souvent tendance à l'oublier.
    Merci à l'art et aux artistes de nous le rappeler toujours...

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