Les quatre heures d’atelier passent très rapidement. Après une longue pause, un verre de vin et une légère collation, nous nous retrouvons tous dans une ambiance feutrée. Les projecteurs éclairent une partie du studio, une musique langoureuse en fond sonore impose le silence. Nicole a ôté ses vêtements et n’a gardé que son corset noir lui enserrant la taille. J’admire son corps musclé, ses jambes fuselées, sa poitrine opulente. Elle a une couleur de peau dorée comme ses cheveux, le visage romantique et recueilli s’éclaire d’un sourire tendre.
Le couple démarre son petit jeu de séduction à la manière des scénettes de
Bettie Page, une pointe d’humour malicieuse dans les yeux. La musique a changé. Sur l’air d’une chanson populaire qui pourrait servir un slow, Matthias se lance dans la prise en main de la femme accroupie.
Il enroule les cordes tel un magicien. Le corps de sa belle se retrouve suspendu, volant dans les airs, retourné comme un pantin. L’émotion est visible. Leur rythme propre est loin des copies japonisantes qu’on peut voir quelquefois.
Il la caresse, l’embrasse ou l’éloigne, la brutalise et l’attire, la menace d’un fouet cinglant son dos. Il accroche aux cordes trois bougies allumées coulant la cire chaude sur la peau de la proie. Nous sommes happés par leur passion et leur sensualité. La tension extrême se dissout peu à peu. Nous applaudissons la performance qui n’en est pas vraiment une. Je suis persuadée de l’amour révélé à nous à ce moment rare de ce
week-end BDSM pas encore achevé.
Mes deux amies assises à mes côtés sont conquises. L’une, lesbienne non radicale et pro sexe déplore pourtant le jeu théâtralisé du séducteur et l’autre, féministe libérée, ex soixante-huitarde, me demande si Nicole est la maîtresse de Matthias ! Retour à la réalité des relations humaines triviales… La réponse positive nous sera donnée le lendemain par l’intéressée elle-même qui ajoutera que Matthias possède plusieurs modèles et une compagne complice dans ses jeux de cordes et ses projets éditoriaux.
Excellent reportage : les liens - c'est le cas de le dire - entre bondage et BDSM sont subtils, non automatiques, mais l'émotion érotique qui naît toujours du ligotage, comme acteur ou "victime", facilite le passage de l'un à l'autre. Le cousinage est évident entre ces pratiques. Ensuite, tout est question d'inclination personnelle, d'ambiance.
RépondreSupprimerCe texte ainsi que les photos, rendent bien ce cheminement et "donnent envie" de pratiquer. Merci à Mona de nous faire vivre, quasiment en direct, ces moments. PBD