samedi 28 février 2009

Il y a place pour deux



Elle devrait arriver bientôt. Un drap en vinyl noir brille, quelques accessoires sont discrètement disposés dans les recoins. Il n’y a plus de temps à perdre. L’une d’entre nous allume les bougies dans la pièce où le divan est prêt pour la cérémonie. Une autre s’affaire à la cuisine et la troisième s’occupe de la musique. Nous achevons les préparatifs du scénario prévu pour satisfaire le désir de notre amie livrée ce soir-là à nos caprices.

Un premier homme est déjà là. Lorsqu’elle sonne, à peine accueillie, un bandeau est posé sur ses yeux et elle est mise à genoux dans la chambre éclairée aux chandelles. Un peu plus tard, alors que le champagne commence à faire son effet, notre amie est introduite auprès de nous. Elle est debout devant le feu; dans sa bouche, j’ai posé les cinq magnifiques lys qu’elle nous a offerts : un pour chacune de nous. Sous sa robe noire moulante, dégagée sur les épaules, elle est nue sauf sur ses jambes gainées de bas. Nos mains glissent sous l’étoffe, elle est caressée, pincée, griffée, mordue puis jetée au sol, fesses découvertes. Je lui tire les cheveux pour placer son visage contre le sexe gonflé à travers le slip en cuir de l’homme aux yeux bandés placé en face d’elle. Autorisée à le toucher, elle s’agrippe à ses cuisses en chaps et remonte ses mains vers son buste couvert de latex. Mes doigts passent à travers sa vulve. Sa respiration s’accélère, son excitation est à son comble… j’éloigne l’homme alors qu’elle est prise en mains par d’autres femmes qui l’attachent à une chaise. Le soumis à quatre pattes enfonce sa langue dans sa fente trempée. Certaines d’entre nous le fouettent, d’autres titillent les seins, embrassent les lèvres de l’esclave immobilisée.

Entre-temps, un autre homme est arrivé. Nous ne tardons pas à le rejoindre dans la pièce éclairée aux bougies. A genoux, il caresse nos escarpins, les baise, prend nos talons dans sa bouche. Il est ensuite allongé sur le divan recouvert de vinyl où nous plaçons notre amie. Ils se touchent, ils se caressent. Nous la mettons à califourchon sur son sexe. Dès que son excitation monte, qu’elle remue, qu’elle s’affole, elle est interrompue et nous les prions de s’immobiliser. L’homme en latex est à son tour placé à genoux devant le divan. Derrière lui il y a une porte ouverte qui donne sur une pièce attenante à la chambre où je me trouve. Dans le silence, s’élève la voix de notre lectrice dont j’aperçois la silhouette dans l’embrasure de la porte. Elle lit une petite nouvelle extraite des Contes licencieux du Marquis de Sade : « Il y a place pour deux ». Je n’arrive pas à me concentrer sur le texte, je pense à la suite du scénario et je m’approche de l’homme à genoux. Je pose la pointe de mes seins dans sa bouche, je descends sa tête vers mes cuisses, j’écarte ma robe fendue et goûte à ses lèvres sur mon sexe. Après, tout va très vite. Je l’aide à retirer ses bottes, son slip et son t-shirt en latex, je le guide sur le divan et le place contre les fesses de la femelle, toujours à califourchon sur le fétichiste allongé. Pendant que j’enfile un gant en latex, je tend un préservatif au bel étalon et prépare mon amie à recevoir, dans le cul, l’engin de belle dimension que je dirige. Elle se rétracte, pousse une plainte, je la rassure, cette fois-ci elle se détend, je me doute que c’est sa première fois… Emboîtés les trois aveugles s’agitent, je n’ai guère le temps de savourer le tableau que la lectrice se jette sur moi. Sa bouche dévore la mienne, je sens ses mains, sa peau collés à moi. J’entends les râles et les cris à côté de moi, pendant qu’une main me branle terriblement et que je crie aussi.

Mon amie nous fit le compte-rendu de la soirée dont elle mit plusieurs jours à se remettre. Elle identifia la reine de la morsure, celle du baiser, celle des griffures. Contrairement au conte sadien, elle ne saura jamais qui l’aura baisée ce soir-là !

La photo est de Jan Saudek "The End of the Film", 1997.

5 commentaires:

  1. tu as trouvé une photo magnifique pour illustrer notre cérémonie. Bravo, je me souviens avec émotion de cette soirée et du spectacle offert rarissime et sublime, très amicalement et grand merci pour ce CR et les références.....Y

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  2. Je viens de relire ton blog en remontant un peu dans les articles et j'ai l'impression que tu prends un réel plaisir, quand tu es lancée, à fouetter les femmes... Ca me plaît bien car Maud, qui a découvert mon orientation, était probablement moins experte, plus instinctive, moins professionnelle oserais-je dire. Aussi je me demande si je saurais subir ton châtiment sans faiblir. Cette idée me fait mouiller et je viens de me caresser, pinces sur les seins et gode bien en place, en l'imaginant.
    Pardonne mon fantasme, je te le livre tel que : si je suis solidement maintenue, poignets menottés sous un anneau par exemple - et peut-être baillonnée car j'ai tendance à être bruyante sous la cravache comme dans l'orgasme - il me semble que je pourrais supporter longtemps ton fouet, si je lis ta propre passion dans tes yeux.
    On conviendrait d'un certain nombre de coups, disons 150 ou 200 (P. allait parfois au-delà), tu pourrais alors me fouetter à toute volée, zébrer mes fesses si tu prends une badine, sans tenir compte de mes larmes et aller sans faiblir au bout de la punition. Branle-moi bien à la fin s'il te plaît, après avoir joui toi-même bien sûr, de ma langue par exemple... S.

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  3. Bonjour...
    je vous découvre et vous dévore déjà des yeux...
    Vôtre
    Belami

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  4. Texte superbe où l'esthétique du style le dispute au réalisme érotique de la scène évoquée.
    Moi qui n'aime pas les "récits-sur-blog", c'est la première fois que je demeure sous le charme d'une véritable auteure...
    Encore, encore!

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  5. Merci Aurora, je reçois votre commentaire comme un beau cadeau en ce début de week-end que je vous souhaite voluptueux et agréable.

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